I'm so sorry... Really !

C’était toujours la même chose, la routine encore et encore. Je me levais à huit heures chaque jour, je passais deux heures dans la salle de bain après j’allais rendre visite à ma cousine Arizona ou à ma meilleure amie puis, je rentrais chez moi manger un morceau. Ou, je mangeais au restaurant, cela dépendait de mon humeur ! L’après-midi, shopping et shooting puis, je rendrais chez moi et finissait par me rendre au Cavern Club. Ma vie était on ne peut plus ennuyeuse, sans le moindre intérêt, je faisais un boulot que je n’aimais plus, j’avais perdu l’homme de ma vie à cause d’une stupide connerie, mes amis ne comprenaient plus le fait que je garde la pêche malgré tout, quant à ce foutu jeu, il avait littéralement pourri ma vie avec de disparaitre de celle-ci laissant place à un quotidien désastreux. Et malgré tout ce qui se passait dans ma vie, je ne me plaignais pas, je gardais tout cela pour moi et moi seule. Et encore aujourd'hui, le sourire aux lèvres, je marchais dans la rue en accélérant le pas car j’étais en retard. J’étais passée à l’agence de mannequinat à la dernière minute et, ils m’avaient trouvé un petit contrat sur place. Du coup, j’arrivais au Cavern Club avec trente minutes de retard ce qui voulait dire que j’allais forcément faire la fermeture. Soupirant, je déposais mes affaires aux vestiaires avant de prendre tout ce que j’avais besoin et de me rendre derrière le comptoir où je retrouvais… Matt ! Comme par hasard. A chaque fois que je devais faire la fermeture il était là, comme si je ne souffrais pas assez de le voir tous les jours. Je croisais les doigts pour qu’il n’est pas remarqué mon retard car après tout, son père était le gérant, il pouvait me foutre à la porte quand il le souhaitait. Espérons qu’il ne soit pas aussi cruel… Quoi que, je l’aurais mérité après tout ! Bref, je prenais mon service comme ci de rien était, c'était la meilleure chose à faire dans cette situation...

J‘avais fait une belle connerie en acceptant ce stupide pari. Mais en même temps, refuser, c‘était beaucoup trop dur moralement. J‘avais joué, j‘avais réussi à construire un truc, on avait réussi à construire quelque chose et au final, j‘avais tout abandonné. Pourquoi ? Parce que je m‘en voulais, ce qui était au début qu‘un jeu avait pris des proportions énormes et, je ne pouvais pas continuer en prétendant que je n‘avais rien fait de mal. Là, c‘est ma conscience qui en prenait un coup. Peut-être que, si ce jeu n‘avais existé, on serait ensemble aujourd‘hui. Peut-être qu‘on serait au minimum amis. Au lieu de ça, à chaque fois que je le voyais, je m‘en voulais, à chaque fois que je le voyais, mon cœur battait à toute vitesse. Et bien sur, j‘avais droit à tous les reproches du monde ! C‘était mérité mais, mérité à ce point… D‘accord, je le méritais point final. Comme on dit, la vengeance est terrible. J‘arrivais en retard du coup, je me mettais au travail directement, commençant à servir les clients comme ci de rien était. Malheureusement, se fut foutu au moment où je m‘aperçus que Matt s‘était rendu compte de mes vingt minutes de retard. C‘était rien, j‘étais toujours à l‘heure, à la minute même. Et puis, j‘étais arrivée en retard, j‘allais rattrapé celui-ci pas de problème. Malgré ça, Matt ne s‘empêcha pas de me le rappeler en me bousculant au passage. Faisant un petit bond vers l‘avant, je n‘eus pas besoin de me retourner pour savoir que c‘était lui. « T’es en retard Berkeley, tu refais ça et t’es dehors. » De là à en arrivé aux menaces, il ne faut pas exagéré. Je veux bien qu‘il soit méchant avec moi, qui me fasse payer ce que je lui avais fait mais, qu‘il s‘en prenne à mon travail, c‘était vraiment trop. De plus, il savait très bien que j‘avais besoin de ça pour vivre etc, je n‘acceptais pas l‘aide des mes parents, je me débrouillais et, sans cette paye, j‘étais foutue. Soupirant, je commençais ma réponse… « T’es sérieux là ? Tu… Merde ! »… Mais je n’eus pas le temps de finir parce qu’il prit sa pause. Laissant échapper un juron, je repris mon service avec le sourire. Qu’il ne revienne pas, ça me fera des vacances !

Je me trouvais dans une situation bien plus qu’embarrassante. Travailler avec mon ex-petite amie et ce, sous le regard de mon père qui était notre supérieur… qui l’eut cru (lustucru). J’essayais de faire comme si tout allait bien, comme si je n’étais pas mal à l’aise vis-à-vis de cette histoire, mais mon père savait bien que cela m’avait complètement anéanti. Il m’avait même proposé de me reposer un temps, de laisser le travail de côté, mais j’avais refusé. Servir des clients et faire comme si Grace n’était pas là était devenu un véritable jeu d’enfants avec le temps, mais si au début se fut quelque peu compliqué. Mais mon père m’avait toujours soutenu. Il ne détestait pas Grace, après tout s’était la vie, il n’allait pas la virer pour cela, mais s’il venait à apprendre que la jeune femme avait bien trente minutes de retard, elle allait sans nul doute prendre la porte, ce que d’une part j’espérais. Cela me permettrait de l’oublier après tout, mais au final, je ne savais pas si j’en avais envie. Grace avait été mon premier amour et au plus profond de moi, je savais que j’avais encore des sentiments pour elle, et ce même avec le temps. Lorsque je la vis arriver, je retins un excès de colère, je ne voulais pas lui crier dessus à travers tout le bar. Alors que la jeune femme commençait à servir des clients, je vins à passer derrière elle, la bousculant violement au passage. Je lui lâchais même une menace par la suite, mais avec tout ce qui s’était passé ces derniers temps, ses crises au travail, le fait qu’elle ne fasse plus les choses comme il le fallait, tout cela pouvait bien faire en sorte que mon père la vire. Je me dirigeais alors vers la sortie afin de prendre un peu l’air, mais Grace m’interpella. « T’es sérieux là ? Tu… Merde ! » J’avais l’impression que mon cœur se déchirait mais je ne fis pas attention à sa réflexion. Je sortis donc du bar afin de marcher un peu sur le trottoir. Je passais une main dans mes cheveux, les ébouriffant quelque peu, tout en soufflant un bon coup. Bordel, je l’aimais encore et ce, malgré ce qu’elle m’avait fais. S’était plus fort que moi. Je ne savais plus quoi faire…

Comment je prenais la chose ? Plutôt bien, je prenais sur moi comme on dit car après tout, qu‘est-ce que je pouvais faire de plus ? Rien. Son père était le géant, ça avait des avantages dans le passé et maintenant, des inconvénients. En gros c‘est ’Grace, travaille et ferme là’. Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds de la sorte mais, je n’avais pas le choix. J’avais besoin d’argent, j’avais besoin de ce job et, malgré le fait que je sois en retard aujourd’hui, il n’y avait pas grand-chose à me reprocher. Je suis souriante, je m’occupe bien des clients, je suis assez rapide, de temps en temps et, tout marche sur des roulettes. La seule chose que je regrette, c’est de voir Matt tous les jours, ça fait mal et c’est difficile à gérer. Du coup, je l’ignore, j’essaye de ne rien dire quand il me fait des réflexions et tout va… Bien. Je le regarde s’éloigner et prendre la porte tout en demandant à un client ce qu’il souhaitait. « Bonsoir, qu’est-ce que je vous sers ? » Question habituelle qui sort toute seule avec le temps. Etre barmaid, ce n’était pas mon rêve, je n’aimais pas plus que cela mon métier mais, pour pouvoir payer mes études et m’acheter tout ce dont j’ai besoin, je devais travailler. On a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Je pris un verre entre mes doigts, sortie la vodka et marcher jusqu’au l’extrémité du comptoir pour servir le client qui attendait sa commande quand… Bam ! Le verre explosa en mille morceaux sur le sol. C‘était bien ma poisse ! « Je suis vraiment désolée, je vais vous en rechercher un autre. » Aller, le prix d’un verre à virer de mon salaire. En ce moment, pas de cadeaux pour moi. Je souris au client, plutôt mignon, puis lui resservis un nouveau verre. Sortant le balai en quatrième vitesse, j’activais le mouvement car les clients arrivaient en masse et bien sur, j’étais seule à servir. Je courais dans tous les sens, essayant de me rappeler qui avait demander quoi. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait foule ce soir.

Fuir, voilà tout ce dont j’avais envie depuis l’instant où elle était arrivée ici. Je la voyais arriver vers moi, malgré ses plusieurs minutes de retard et cela me mit quelque peu hors de moi. Je prenais la chose comme un manque de respect vis-à-vis de mon père qui était le gérant et elle semblait ne pas s’en soucier. Elle ne réalisait pas à quel point elle avait de la chance d’être encore ici, mais après tout, si elle voulait tout gâcher, qu’elle le fasse. Je sortis donc du bar afin de prendre un peu d’air. J’en avais bien besoin et s’était histoire de me remettre les idées en place car dés que je voyais Grace, s’était comme si je ne contrôlais plus rien de mon corps, plus aucune pensée, plus aucun battement de cœur, ni même le moindre geste que je faisais. Je fis donc quelques pas sur le trottoir afin de me calmer. Je voyais les gens entrer au fur et à mesure dans le bar tout en me saluant. Au bout d’une dizaine de personnes, je me disais qu’il fallait quand même retourner travailler afin d’aider Grace. Quoi que, cette dernière méritait de courir dans tous les sens pour servir tous les clients qui étaient entrés. Finalement, je ravalais ma fierté et rentrait dans le bar. Lorsque je poussais la porte, un grand fracas se fit entendre et je tournais la tête en direction de la barmaid qui attrapa un balai. Je compris alors qu’un verre venait à se briser. Je restais planté comme un idiot devant l’entrée, observant la jeune femme avant de venir la rejoindre derrière le comptoir en avalant difficilement ma salive. Je ne préférais pas lui adresser le moindre mot, cela ne servirait après tout à rien et je me mis à servir quelques clients, enchainant le tout rapidement. Avec le temps, tout cela était devenu un véritable jeu d’enfant. C’est donc dans le silence que je venais à aider Grace, aucun mot ne fut échanger entre nous, les seules paroles sortant de notre bouche furent pour demander telle bouteille ou encore pour s’adresser aux clients. Après quelques minutes, se fut le calme, il n’y avait plus grand chose à faire pour l’instant. S’était souvent ça d’ailleurs, pendant plusieurs minutes s’étaient la folie, puis le calme plat avant une nouvelle vague de clients. T’as de la chance que mon père ne soit pas au courant pour ton retard., lâchais-je alors à la jeune femme alors que je venais à passer derrière elle pour m’emparer d’un verre afin de servir un verre pour un type qui venait d’arriver.

Est-ce que je devais continuer comme si de rien était ? Parce que c‘est très difficile. En fait, sa présence me stresser, je savais plus ce que je faisais parce qu‘une partie de moi était concentrée sur lui. En même temps, c’était le fils du gérant donc, il était souvent présent. En gros, mon travail devenait de plus en plus difficile. Je regardais ce qu‘il faisait, je servais en même temps et, les clients commençaient à s‘entasser autour du comptoir. Du coup, j’activais le mouvement en essayant de servir plusieurs clients à la fois. Habituellement, je n’ai pas beaucoup de mal à le faire mais aujourd’hui, il y avait Matt. Je pensais à lui, je réfléchissais en même temps et du coup BAM ! Un verre brisé. Peut-être que je n‘aurais pas du me lever ce matin parce que là, j‘étais en train de réaliser que ce n‘était pas du tout mais alors, pas du tout mon jour. La poisse jusqu‘au bout. Je soupirais mais quelques secondes plus tard, mon sourire reprit le dessus. Après tout, je n‘avais pas le choix, je devais me montrer souriante, aimable et tout le tralala bien que je meurs d‘envie de tous les envoyer balader. Je resservis un verre avant de prendre le balai pour arranger le truc. C‘est à ce moment que Matt arriva pour.. M‘aider. Bizarre. J‘avais vraiment cru qu‘il allait me laisser me débrouiller face à la situation. Mais ici, le client était roi donc, l‘attente ne devait pas trop durer blablabla. Aucuns mots. Nous nous sommes par parler normalement une seule fois. Des fois, j‘avais droit à des « Tu peux me passer … » ou encore « Tu n‘as pas vu… » mais comme toujours, c‘était dit sèchement et vraiment par obligation. Je répondais bien évidemment sur le même ton et, se fut comme ça jusqu‘à ce que les clients désertes. Un silence s‘installa jusqu‘à ce qu‘une voix dernière moi le rompe. « T’as de la chance que mon père ne soit pas au courant pour ton retard. » Je levais les yeux au ciel d‘un air désespéré. Je savais que j‘avais fait une connerie en arrivant en retard, c‘était sûr et certain et, je devais prendre sur moi pour ne pas m‘énerver. Je me retournais alors pour lui faire face et lui répondre en un soupir. « J’ai compris Matt, ça se reproduira plus. » Et, c‘est seulement après que je me rendis compte de ce que je venais de dire. Je n‘avais plus le droit à l‘erreur. Il avait été « sympa » sur ce coup mais, ça n’allait pas être pareil la prochaine fois. Comme il n’y avait plus de clients dans le bar ou du moins, comme il n’y en avait plus à servir. Je prenais quelques secondes pour respirer avant de lever les yeux vers Matt en lui demandant plus gentiment cette fois-ci. « Est-ce que tu comptes lui dire ? » C’était également une façon de savoir s’il me détestait à ce point. Et puis, on pouvait toujours devenir amis non ?! Tout n’était pas perdu… Même si être ami avec était beaucoup plus simple à dire qu’à faire !