Si tu crois que c'est comme ça qu'on fait des bébés, t'es pas sortie de l'auberge ptite sœur. La fillette regarda son grand frère, incrédule, son schéma dessiné par son père entre les mains. Maintenant qu'elle y réfléchissait, c'était clair que les garçons ne pouvaient pas pousser dans les choux. Son père s'était bien fichu d'elle tout de même. Mais il ne fallait pas oublier que lorsque l'on avait six ans, n'importe quoi aurait pu nous paraître possible, jusqu'à l'impossible lui-même. Faisant une petite moue déçue, Ginger monta sur le lit de son aîné, son regard plus déterminé que jamais. Alors dis-moi la vérité toi, dis-moi comment on les fait les bébés. Christian lâcha son livre, et haussa les sourcils. Sa petite sœur, qui lui demandait qui auraient dû arriver lorsqu'elle serait enfin passée au niveau onze/douze ans. Ses parents allaient probablement lui en vouloir pour le restant de ses jours, mais l'occasion était tellement tentante. Corrompre un si jeune esprit, ça ne se refusait jamais. Alors le garçonnet se rapprocha de la brunette, et commença à lui chuchoter quelques mots, à tracer des dessins sur son couvre-lit, avant de sourire face à la mine écœurée de sa cadette. Cette dernière, comprenant enfin tout, se leva, et courut en direction du salon, afin d'y retrouver ses géniteurs. Elle descendit les grands escaliers, et arriva à l'endroit prévu, le souffle court, les yeux ébahis par le choc de cette nouvelle. Maman, Papa, je sais comment on fait les bébés, Christian m'a tout dit ! Et en passant, Papa, tu m'avais menti, ton schéma c'est du caca. Tout ça pour la rime, bien entendu. Elle n'arrivait toujours pas à croire que pendant tout ce temps, elle ait cru aux bêtises de son père. Un grand avocat français, connu pour ses nombreuses affaires, et tous les clients qu'il avait pu acquitter. Sa mère ouvrit grand la bouche, en forme de "o", et lança un regard noir à son époux, le blâmant d'avoir lancé le sujet là-dessus. Chris' ne tarda pas à les rejoindre, le visage creusé par la peur et l'appréhension de sa prochaine punition. Le pas lent, comme quelqu'un qui irait à l'abattoir, il se rendit dans sa chambre, sachant pertinemment ce qui allait lui arriver. Ginny, quant à elle, resta là, les bras croisés devant sa poitrine, attendant des explications un peu plus précises, ou même que quelqu'un se mette à parler, s'excuser ou autre. Six ans, et déjà une forte tête.

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J'veux pas dire, mais l'Amérique, c'est très grand. Christian applaudit Ginger, à présent âgée de onze ans, d'un air narquois, avant que cette dernière ne lui tire la langue. Les réprimandes de leurs parents ne tardèrent pas, avant que le véhicule ne s'arrête, pour laisser la fillette courir librement, et se précipiter vers son lieu de rencontre habituel avec Maël, un petit Américain avec qui elle s'était liée d'amitié, et même plus. Soyons sérieux, le temps de deux simples secondes. On ne peut savoir ce qu'est le véritable amour lorsque l'on est si jeunes, ou plutôt, on ne peut connaître que son sens originel, le plus pur. On joue, on se taquine, on se crie dessus, et on finit par se faire un bisou sur la joue, en se laissant tomber dans l'herbe dans un éclat de rire. C'était ça, pour deux enfants comme eux à cette époque, la définition de l'amour. D'ailleurs, dès qu'elle l'aperçut, Ginger ne manqua pas de le taquiner, en lui attrapant ce avec quoi il jouait, et de se mettre à courir, en riant, avant de se faire rattraper, et de tomber, sur Maël. Elle fit tout de même attention à ne pas lui faire mal, mais ne se retint pas de continuer de rire en voyant son visage boueux, et ses cheveux ébouriffés. Il avait le pouvoir de la rendre heureuse, rien qu'en existant. C'est fou. C'est bête. C'est l'amour des enfants, l'amour guimauve que beaucoup d'adultes cherchent à retrouver parfois. Eux, étaient en plein dedans, et ne s'en rendaient pas compte. Trop d'insouciance, trop de bonheur que l'on attrape comme des papillons au creux de la main. Ils passaient du temps ensemble, et c'était le principal. La fillette prit la peine de le débarbouiller légèrement, tout en restant sur lui, et lui déposa un bisou sur la joue. Gentiment, innocemment, amoureusement. Un sourire vint illuminer leurs deux visages, avant que le père de Ginger ne l'appelle. Cette dernière tourna brusquement la tête, ses longs cheveux bruns flottant à la brise légère qui venait de se lever. Ils partaient. Ils retournaient en France. Ces deux mois passés en Amérique avaient été parfaits, et probablement qu'ils ne quitteraient jamais le cœur de la fillette de onze ans, qui, le visage triste mais à la fois heureux d'avoir connu ces quelques jours, faisait des signes à Maël par la fenêtre de sa voiture, mimant sur ses lèvres un "i love you" anglais, son premier réel acte d'amour.

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T'aurais pas pu en trouver une mieux roulée ? Franchement Blaize, celle de la semaine dernière était bien mieux. Ni une, ni deux, le fameux Blaize ne manqua pas une gifle bien placée, suivie d'une longue série d'insultes que je vous laisse aisément imaginer. Il se retourna, une fois la porte fermée, et toisa Ginger du regard. Tu le fais exprès ma parole. Il en était certain. Depuis qu'ils habitaient ensemble, la jeune femme se montait insupportable avec toutes les conquêtes qu'il pouvait avoir. Se pointer à leur appartement, avec une femme était devenu suicidaire. Elle lui avait même déjà lancé un vase à la figure, une fois qu'elle avait vu que l'une d'entre elles avait fouillé dans ses affaires. Un comportement étrange pour de simples colocataires, elle vous l'accordait volontiers. Mais à qui bon se voiler la face ? Ginger ne supportait pas de voir d'autres arriver, tenter de prendre, et bien sa place ? Parce que oui, depuis tout ce temps, la brunette avait réussi à prendre une place importante dans la vie du jeune homme, qui lui également était doté d'une possessivité assez impressionnante. Il ne le montrait tout simplement pas de la même façon. Avançant d'un pas, Ginger garda son air de défi, et lui répondit. Et si je le faisais exprès, qu'est-ce que ça changerait ? Une sorte de tension invisible prit place entre eux deux, une tension qui aurait pu avoir la même valeur qu'une attraction en cet instant présent. Si bien qu'ils brisèrent, tous les deux, les derniers centimètres qui les séparaient, pour s'embrasser. D'un baiser assez passionné, assez dévorant, traduisant tout ce qu'ils pouvaient ressentir. D'ailleurs, que ressentaient-ils réellement l'un pour l'autre ? Il leur arrivait de dormir dans le même lit, de se taquiner comme un véritable petit couple, mais dès qu'un beau mâle ou une belle femelle passait par là, il n'y avait plus personne. Ce qui les détruisait chacun de leur côté, à petit feu. Tous deux bien trop fiers pour oser avancer, ou même tenter de jouer cartes sur table, ils continuaient, encore et toujours, à jouer aux amants transis, à ceux qui profitaient de l'instant présent, sans se soucier du futur. Mais pour encore combien de temps pourraient-ils continuer cette petite comédie ?

Ginger C. Gainsbourg a écrit:

Merci beaucoup ! LEIGHTOOOON, ma femme.
Et j'aime les rimes, j'en fais aussi, c'est trop la frime.